CONCERTS. Sardou veut dérouter Paris
Ce jour-là à Toulon, il s'échauffait avant un mois d'Olympia. Michel Sardou, 57 ans, investit ce soir le temple du music-hall,
prêt à lancer au public ses bons vieux tubes comme ses dernières chansons. Sans concessions, à sa façon.
MAIS SI, MICHEL SARDOU peut être blagueur. Vendredi au Zénith de Toulon, première date avant la série de concerts qu'il entame ce soir à l'Olympia, l'artiste joue les farceurs. « Bonsoir, je fais la première partie de Michel Sardou »,
lance-t-il au public après être apparu le plus simplement du monde sur le côté de la scène, entouré de quatre musiciens.
Le chanteur aujourd'hui âgé de 57 ans n'avait pas fait de spectacle depuis 2001, empêché par des désaccords contractuels avec sa maison de disques. Depuis, il a rejoint la colossale Universal pour « Du plaisir », un album sorti en avril
et vendu à près de 500 000 exemplaires. Il fait même preuve d'un exemplaire esprit d'entreprise en parrainant la 4 e promotion de « Star Academy », sur TF 1, produite par son nouvel employeur. Alors, dans le même élan, sur la scène à Toulon, il y va fort d'emblée. Trop fort ? Sans doute.
Sur « les Bals populaires », la salle donne déjà de la voix. Déboule aussitôt « les Ricains », que l'actualité fait curieusement résonner : « Si les Ricains n'étaient pas là, vous seriez tous en Germanie ».
Ce doit être cela, une bonne chanson, celle qui traverse le temps sans dommages tout en renvoyant celui qui l'écoute à ses souvenirs... Ce genre d'hymnes, justement, Sardou en a des soupières dans son répertoire, et il les sert à la louche dans cette fausse première partie.
Pendant « En chantant », il se balade dans les allées au milieu de spectateurs ébahis. Une poignée de main virile aux hommes, un baisemain aux femmes, une bise aux jeunes filles :
l'homme semble encore affoler quelques générations.
« Je n'y comprends rien. C'était lui ou son sosie ? » Après ce bain de foule, il enchaîne avec « le Rire du sergent », « le Temps des colonies » et « la Java de Broadway », qui achèvent d'enflammer l'assistance. Fin du premier acte. « Maintenant, je vous laisse avec celui que vous attendez tous »,
lance-t-il avec un humour au deuxième degré pas toujours perceptible dans cette grande salle,
où certains l'observent avec des jumelles. « Je n'y comprends rien. C'était lui ou son sosie ? »
s'interroge une fan, craignant d'avoir été trompée sur la marchandise. D'autant que l'économie
de moyens de la première partie tranche avec la grosse cavalerie qui arrive : décor imposant,
musiciens abrités dans des structures pivotantes, arrangements rock grossiers. Le manque de finesse
du dernier album de Michel Sardou laissait perplexe. Sur scène, la sensation reste la même,
et cela ne s'arrange pas quand il revient à « Marie-Jeanne » ou au « Chanteur de jazz ».
Il faut attendre le huitième titre pour sortir de cette tonalité linéaire avec « Je vais t'aimer »,
servi par un ensemble de huit cordes féminin. Mais le sursis n'est que de courte durée.
L'artiste lâche à peine quelques mercis, sans plus de commentaires. Seule une version sobre du
« Privilège », avec cordes et guitare acoustique, une poignante « Fille aux yeux clairs » et
une reprise de « l'Aigle noir » de Barbara laissent passer une trop rare émotion.
On sort de là perplexe en ayant le sentiment d'avoir vu un spectacle construit à l'envers,
avec des rappels en ouverture, où tout était dit dès le départ.
Michel Sardou en concert à partir de ce soir et jusqu'au 13 novembre à l'Olympia,
28, bd des Capucines, Paris IX e . Places : de 36,50 € à 135 €. Tél. 08.92.68.33.68.
Et les 23 et 24 novembre à Lyon, les 30 novembre et 1 e r décembre à Metz, le 2 à Strasbourg,
le 3 à Mulhouse, du 7 au 9 décembre à Toulouse, le 15 à Nice, les 16 et 17 à Marseille.
TOULON (VAR), VENDREDI DERNIER.
Michel Sardou a d'abord surpris son public avec une avalanche de ses principaux tubes
dans une mise en scène minimaliste avant d'enchaîner avec les chansons de son dernier album,
« Du plaisir » , servies cette fois par (PHOTOPQR/« NICE MATIN »/RAYNAUD.)